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JO 2024 : la gauche contrainte de se défendre d’accusations de tiédeur voire d’hostilité face aux Jeux

Tout est parti d’une publication sur X, au milieu de l’été olympique français. « A quelques exceptions près, tout ce que la gauche compte de politiques, journalistes et intellos influents ignore les JO. La gauche française méprise le sport de compétition “capitaliste”, alors que les JO sont aussi un moment de joie et d’élan populaire », a déclaré, le 3 août, Philippe Marlière, professeur de science politique à l’University College de Londres. La critique passe pour un nouvel élément du procès en déconnexion de la gauche, trop snob.
« C’est une grosse blague ! », s’étouffe le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (Parti socialiste, PS), principale collectivité d’accueil des Jeux olympiques de 2024 avec Paris, elle aussi dirigée par une socialiste, Anne Hidalgo. L’élu rappelle que l’investissement public dans les JO vient pour un tiers des collectivités, « dont 60 % sont de gauche ». Le 6 novembre 2014, lors d’une interview télévisée, c’est le socialiste François Hollande, alors président de la République, qui avait évoqué pour la première fois publiquement l’idée d’une candidature parisienne pour 2024. Ce n’est pas un cas isolé : la gauche a régulièrement accompagné des candidatures françaises ou parisiennes à de grands événements sportifs, depuis le pouvoir national ou local.
Sur le réseau social X, à part le communiste Fabien Roussel, les principaux chefs de file de la gauche ont sans doute moins posté que les deux têtes de l’exécutif au sujet des performances sportives. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a essayé de ne pas être trop franco-français ; la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, était sur le bord de la route pour applaudir Cassandre Beaugrand au triathlon. Le coordinateur national de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard, s’est contenté d’un message sur la cérémonie d’ouverture. Mais est-ce bien significatif ?
Les Ecologistes étaient opposés à la candidature parisienne, et le sont encore pour les JO d’hiver de 2030, attribués aux Alpes françaises. La moitié des départements dirigés par la gauche a fait l’impasse sur le passage de la flamme olympique sur leurs terres, souvent jugé trop cher.
Philippe Marlière reconnaît qu’il a été un peu lapidaire dans son tweet, qui aurait mérité plus de nuance. « Mais d’évidence, j’ai touché une corde sensible. Et je ne retire pas ma critique d’un catéchisme de gauche matérialiste qui part du principe que les événements sportifs comme les Jeux olympiques sont des méga événements qui mettent en scène ce qu’il y a de pire dans le capitalisme, le fric, une forme de désastre écologique, la gentrification des quartiers… » S’il se défend de viser des personnalités ou des partis en particulier, Philippe Marlière parle quand même de « la gauche radicale, les “insoumis” ou le NPA [Nouveau Parti anticapitaliste] ».
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