Teuraiterai Tupaia, descendant de grand navigateur et lanceur de javelot

Son illustre ancêtre, le grand explorateur Tupaia (1725-1770), avait la réputation de se repérer à l’aide des étoiles et des constellations au XVIIIe siècle. Grâce à sa connaissance de la géographie du Pacifique, ce navigateur émérite a d’ailleurs été l’un des personnages-clés du premier voyage du capitaine James Cook (1728-1779). Trois siècles plus tard, c’est avec beaucoup d’ambition – mais avec modestie par rapport aux faits d’armes de son aîné – que Teuraiterai Tupaia, nouveau recordman de France du lancer de javelot suit sa bonne étoile qui l’a guidée vers ses premiers Jeux olympiques.
Mardi 6 août, s’il franchit l’étape des qualifications, « la plus difficile », selon lui, celui qui a atteint la distance de 86,11 m, le 17 mai – effaçant le plus vieux record de France, remontant à 1989 (82,56 m) – n’aura alors qu’une envie en finale, deux jours plus tard : « Aller plus loin et battre [ses] adversaires pour monter sur un podium ».
Remis d’une blessure au coude, qui l’a handicapé lors des championnats d’Europe, en juin (5e, mais sur un seul jet), le lanceur avance confiant. « En regardant le jet de mon record et toutes ses erreurs techniques, avec mon coach, on s’attend à une surprise si j’arrive à les corriger, assure-t-il, interrogé par Le Monde. J’ai hâte ! »
A 24 ans, Teuraiterai Tupaia est une force de la nature de 1,92 m et 100 kg. « Cela va être compliqué de dépasser mon ancêtre en popularité », confie-t-il en évoquant le grand Tupaia, lui le natif de Papeete (Polynésie française) sur « l’île mère ». Fils de handballeurs, le jeune homme a découvert l’athlétisme à 11 ans et s’est lancé à fond dans la pratique, lorsqu’il n’a plus trouvé de jeunes de son âge pour jouer au handball. C’est son oncle, un ancien militaire, qui l’a entraîné.
Sans connaissance spécifique, ce dernier s’est investi, s’inspirant de vidéos YouTube d’entraînement pour former son neveu, qui aime toucher alors à toutes les disciplines de l’athlétisme, à l’exception du fond, guère adapté à son gabarit. En minimes, le Tahitien avait, par exemple, un impressionnant record à 2,04 mètres, au saut en hauteur.
Le profil idoine pour un décathlonien. En 2017, Teuraiterai Tupaia a eu la possibilité de rejoindre le pôle national de Montpellier, spécialisé dans les épreuves combinées, où s’entraîne notamment Kevin Mayer. Contre l’avis de son père mais avec l’assentiment décisif de sa mère, il tente la grande aventure, loin de son île.
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